J'voudrais pas faire ma raclette, mais la soirée s'annonce pas super.
« Tu es un sorcier Perceval. »
« WOAW COMME GANDALF TROP D'LA BALLE ! »Non pas comme Gandalf putain. En vrai la sorcellerie c'est avoir un vieux mec qui pue l'eau de cologne qui débarque dans sa caravane en Australie et l'emmène vivre en France et maintenant il faut l'appeler Papa et puis pourquoi il faut qu'il passe son année dans un château pourri en ROBE BLEUE DE MES DEUX. Perceval veut la mer, ses patins à roulettes, sa GameBoy Advance violette et ses VHS Pokemon. Perceval ça lui troue le fion de devoir vivre dans un dortoir avec des FRANÇAIS qui font
honhonhon quand ils se moquent de sa grammaire nulle, de ses notes pourries, de sa gueule de gamin ahuri. Vraiment, Perceval voudrait lui foutre son balai dans le cul au prof de Quidditch et retourner pleurer dans les jupons de sa maman. Mais non voilà fallait que son vieux qui n'avait jamais pointé le bout de son nez pendant les dix premières années de sa vie soit un sorcier, un sorcier de famille connue apparemment
- hé ça veut dire quoi Sang-de-Bourbe ?. Mais au premier rang de la classe y'a cette fille au teint basané et ses deux yeux qui le regardent avec des airs assassins. Perceval lui lance toujours ses plus beaux sourires. Il sait qu'un jour Zylith les lui rendra.
✩
Le bout de ses doigts court sur la fourrure blonde de son rongeur. Dans la salle commune il repense aux dernières vacances de Noël. Il a encore le pif rempli de l'odeur du sapin et des marrons grillés. Y'avait maman près de la cheminée, cousant, tranquillement. Elle avait mis ses gants longs ce soir là mais sous la dentelle, Percy y avait vu de nouveaux bleus.
« Oh ce n'est rien, je suis juste tombée dans les escaliers. »Le vieux cliché.
Et les poils de sa nuque se hérissent quand il se remémore le regard sévère de son père.
« Troll en sortilèges ET en Quidditch ! Tu te fous de ma gueule ou bien ? »Oui bin c'est pas sa faute si c'est de la merde la magie hein. Et d'abord il avait eu Optimal en Soins aux créatures magiques. Et toc ! Remonte ton slibard Lothar ! Lothar c'était devenu le nom du hamster qu'il avait eu à Noël. Bien entendu le vieux avait gueulé, avait déclaré que dès Perceval retournerait à Beauxbatons le hamster passerait par la cuvette des toilettes alors dans un grand élan de chevalerie, Perceval avait entrepris de le cacher dans ses poches et de l'emmener avec lui à l'école. C'est le début de sa future carrière de dealer de boules de poils.
✩
« Plus que six mois, tu verras quand tu auras fini la septième année tu pourras faire ce que tu veux. »Qu'elle lui avait dit. Et Percy l'avait eu sa dernière année. Contre toute attente et certes de justesse mais c'était son diplôme en poche et son hamster sur l'épaule qu'il s'en était retourné dans leur maison dans le sud de l'Hexagone. Oh qu'il aurait du s'en douter que c'était étrange que personne ne se soit présenté à la cérémonie de diplômes mais peut-être que la chouette s'était perdue - pourquoi ils pouvaient pas envoyer des emails comme tout le monde ? Maman avait toujours eu peur des chouettes en plus. Et quant au vieux, c'était pas comme s'il le considérait comme la pire des merdes. Même pas capable de rejoindre le ministère de la magie mais qu'est-ce que Percy en avait à branler de tout ces vieux consanguins coincés du cul ? Sérieux pour qui ils se prennent ses glandeurs à décider qui doit faire quoi et se mêler de ses affaires au moindre pet de magie ?
Bref.
La maison était vide. Enfin presque. La table était mise, les vêtements encore dans les placards, la lessive étendue aux fenêtres alors quoi ? Il n'y avait que le tic toc de l'horloge pour l'accueillir. Et dans la chambre principale, une forme, une ombre, un reste, un souvenir sous les draps. Du pourpre, du bleu, du jaune, du rouge, beaucoup de rouge sur un corps tout blanc, tout maigre, tout froid. Sans vie. Ah.
« Maman ? »✩
« Et maintenant quoi ? »Et maintenant on lui explique que le dossier est clos. De toutes façons aucun sort n'avait été utilisé. C'est vrai. Pourquoi se faire chier avec de la magie quand les poings seuls suffisent ? Percy gratte le bois du bureau de l'auror. Il voit. N'écoute déjà plus. Peut-être que c'est une affaire pour la police des moldus tout ça. Après tout il n'y avait aucun preuve contre le vieux. Vraiment ?
Puis ça lui vient comme une douleur fulgurante. Une montée d'adrénaline. Du feu dans les veines. Son coeur se glace, sa langue se raidit. C'est du poison qui vient suinter sur le bord de ses lèvres quand il plante ses yeux dans ceux de Zylith et crache :
« Tu sais que si tu ne m'avais pas convaincu de rester à Beauxbatons ma mère serait encore en vie ? »✩
Percy ne reçoit pas de faire-part quand son vieux se remarie. De toutes façons il est tellement au-dessus de tout ça. Il a voyagé partout dans le monde avec un sac à dos, une guitare et une paire de claquettes. Ses poches sont pleines de sable, sa tête pleine de rêves. Et après tout il a eu bien 7 ans de films, de séries, de jeux vidéo à rattraper. Townsville lui rappelait trop sa mère. Il a posé sa base un peu plus au nord. Mapple Town, on lui a dit que le pub local était sympa. Ça commence à faire un bail qu'il vit là désormais. Quand il n'est pas en vadrouille aux quatre coins du monde. Il commence à avoir de l'expérience à travailler pour diverses organisations caritatives, moldus comme magiques. Il a même une petite réputation en Australie pour son implication pour le droit des créatures magiques et ses opinions virulents sur le traitement des moldus par les sorciers. M'enfin personne n'écoute vraiment un pèquenaud pas capable de voler sur un balai comme lui. Dans le fond ça lui importe peu. Percy s'est depuis longtemps perdu entre le
je m'en fous et
je ne sais pas. Mais il n'est pas foncièrement malheureux. Et ce n'est pas le dernier des connards. Il sait que ça suffit. Si maman était en vie, elle serait fière de lui quand même. Et c'est tout ce dont il a besoin de savoir.